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François héran, le temps des immigrés, seuil, paris, 2007

 

Les Romains bastissoient par ce moyen leurs colonies : car sentans leur ville se grossir outre mesure, ils la deschargeoient du peuple moins necessaire, et l'envoyoient habiter et cultiver les terres par eux conquises. Par fois aussi ils ont à escient nourry des guerres avec aucuns leurs ennemis, non seulement pour tenir leurs hommes en haleine, de peur que l'oysiveté mere de corruption, ne leur apportast quelque pire inconvenient (…) Mais aussi pour servir de saignée à leur Republique, et esvanter un peu la chaleur trop vehemente de leur jeunesse : escourter et esclaircir le branchage de ce tige abondant en trop de gaillardise.

Montaigne, Essais, Livre ii, chapitre xxiii

Le politique considéré comme l’organisation des multiplicités entretient des liens consubstantiels avec la démographie, entendue comme la quantification de ces multiplicités. Le perfectionnement des méthodes de calcul et d’organisation depuis le xviiième siècle occulte à nos yeux modernes le caractère profondément anthropologique du rapport entre le pouvoir politique et la somme de ses administrés.

Grossièrement, le dilemme du politique a longtemps été de survivre entre deux périls : pas assez de forces humaines, faisant du pays une proie pour ses voisins, et trop de bouches à nourrir, source de famines et de révoltes. On aurait tort de croire qu’en l’absence de ministère de la santé publique, le politique déléguait alors à Dieu ou à la nature le soin de « réguler » la population. Montaigne le rappelle, et Georges Bataille le théorise dans La Part Maudite (1949), le politique a toujours géré  activement la population, depuis les rites sacrificiels aztèques à la politique chinoise de l’enfant unique.

L’évolution des techniques « biopolitiques » et du « prix » attaché à chaque vie ont certes bouleversé le fonctionnement interne des populations. Le nombre annuel de naissances à l’époque de Louis xiv était plus grand qu’aujourd’hui en France, pour une population totale alors deux fois moindre (p. 88). Avec les avortements sélectifs, le déséquilibre entre filles et garçons à la naissance prend des proportions spectaculaires en Inde. Mais pour être beaucoup plus techniques, et pour certaines nouvelles, les inquiétudes demeurent pour le politique. La population est-elle « équilibrée » entre jeunes et vieux, entre actifs et inactifs ? la population est-elle assez nombreuse pour faire marcher notre économie et tenir notre rang de puissance mondiale ? y a-t-il assez de femmes ? font-elles assez d’enfants ?

La démographie partage un autre secret avec le politique : la séparation d’un dedans et d’un dehors. Par définition, le comptage de la population d’un pays réclame de faire une différence objective entre ceux qu’on considère comme faisant partie de la population et les autres – les étrangers.

C’est donc par deux aspects que la démographie tient le politique : à la fois par ce qui a trait à la filiation, la reproduction, et par ce qui relève de la citoyenneté « juridique ». La démographie décrit la matière même de l’identité d’un peuple et celle de l’identité d’une nation.

La démographie décrit, explique, mais le politique ne peut s’en satisfaire : son essence est d’agir, pas de comprendre. Or, la démographie se laisse-t-elle agir ? Si l’influence de l’époque sur l’évolution de la population est une évidence première, il semble en revanche que ni le solde naturel, ni même le solde migratoire ne se laissent diriger si facilement. D’où cette frustration particulière du politique : il n’a que très peu de prise sur ce qui constitue pourtant sa matière première. Cette frustration se traduit, à gauche, par une occultation malaisée et à droite par les vociférations de chiens attachés à une laisse trop courte. Les politiques populationnistes (la grandeur géopolitique par le poids démographique), nativistes (réduire la place des immigrants au profit des résidents nés sur place), natalistes (augmenter la fécondité), souverainistes (affirmer la souveraineté nationale sur l’admission au séjour), se succèdent, dans les discours et dans les actes. Mais, sauf à bafouer les droits de l’homme à un degré rarement atteint (stérilisations et avortements contraints, grossesses forcées, déplacements de population…), elles restent sans effet significatif dans la lunette du démographe.

Pour les forces progressistes qui accordent de la valeur à la réalité, la résistance de la démographie à l’action politique est pourtant précieuse : elle permet de partager sans polémique le diagnostic des phénomènes démographiques que nous vivons, mais, plus encore, de considérer comme à peu près établies les évolutions quantitatives que nous allons connaître dans les trente ans qui viennent. En matière démographique, il ne s’agit pas de combattre les prévisions, mais plutôt de s’y préparer concrètement et activement.

Il faut donc se convaincre que ce qui est habituellement pointé comme une variable est en fait une donnée (les flux migratoires, les prévisions démographiques), tandis que ce qui est brandi comme une donnée est la seule variable (la notion de « capacité d’accueil »).

1. L’exception française

Les grands chiffres de la démographie française actuelle sont les suivants (p. 54). Dans une population résidant sur le territoire de la métropole et des dom de 62 millions d’habitants, environ 800.000 personnes naissent chaque année, tandis que 540.000 décèdent (solde naturel de +260.000 personnes par an). Le solde migratoire s’établit à environ +100.000 personnes par an (200.000 entrées moins 100.000 sorties).

La France connaît deux particularités en matière démographique, par rapport aux autres pays européens.

La première est bien connue, et très fortement relayée par les médias : la fécondité élevée des femmes en France, à un taux de 1,9 enfant par femme, pour une moyenne européenne inférieure à 1,5. Comme l’Irlande, la Norvège et les Pays-Bas, la France se tient donc – pour l’instant – à l’écart de la « seconde transition démographique » de la plupart des pays industriels, au solde naturel négatif ou nul (p. 60).

On peut rappeler que le taux de fécondité du baby-boom était de « seulement » 2,2. Si l’on considère que 20 % des grossesses n’étaient alors pas désirées (p. 72), le taux d’aujourd’hui correspond au baby-boom plus la contraception !

La seconde particularité démographique française contredit les idées reçues, et reçoit d’ailleurs très peu d’échos médiatiques : avec un solde migratoire représentant 1,7 ‰ de sa population, la France est un pays de faible immigration annuelle. La Grande-Bretagne est à 4 ‰, l’Italie est à 10 ‰ et l’Espagne à… 14 ‰ (p. 56). Les 5 millions d’immigrés, dont 2 millions ont acquis la nationalité française, représentent moins de 10 % de la population, contre 20 % en Allemagne, 28 % en Suisse, 18 % au Canada.

Précisément, « la France, à la différence de ses voisins, est un vieux pays d’immigration. À de rares exceptions près, comme la crise des années 1930 ou le choc de 1974, elle accueille des migrants depuis le milieu du xixème siècle. » (p. 57). Ainsi, « près d’un Français sur quatre a au moins un grand-parent immigré et l’on arriverait sans peine à un Français sur trois avec une génération de plus. » (p. 59). L’auteur explique : « pour modifier la composition de la population, une immigration n’a nul besoin d’être massive (…) ; il suffit qu’elle persiste des décennies durant. L’infusion durable fait mieux que l’intrusion massive (…). » (p. 59).

L’auteur explore également le lien entre fécondité et immigration. Il établit que la fécondité des femmes françaises est de 1,8 enfant par femme, et que les femmes étrangères accouchant en France, même avec une fécondité de 2,8 enfants par femme, ne sont pas le facteur explicatif du fort taux de fécondité en France (1,9). Pour autant, sur les 800.000 naissances annuelles en France, 50.000 sont issues d’un couple d’étrangers, et 80.000 d’un couple mixte. L’immigration contribue donc quantitativement au solde naturel de la population française.

En conclusion, l’exception démographique française est que la croissance de la population est due pour deux tiers au solde naturel et pour seulement moins d’un tiers au solde migratoire.

2. la fin inéluctable de l’exception française

« L’exception française que l’on vient de décrire ne durera pas ou, du moins, pas plus d’une génération. » (p. 68).

Certes, la population française va continuer d’augmenter, pour dépasser 70 millions d’habitants en 2050, mais sa composition et surtout les rôles respectifs du solde naturel et du solde migratoire vont être bouleversés.

En effet, « il existe bien au sein de l’Europe une exception française en matière de fécondité mais pas en matière de mortalité. » (p. 70). « D’où une forte montée du nombre des décès d’ici vingt-cinq ans, comme ultime contrecoup du baby-boom. » (p. 70). Le solde naturel devrait devenir négatif entre 2040 et 2050, comme il l’est d’ailleurs en Allemagne depuis 1973, en Italie depuis 1985, en Espagne, au Portugal, en Grèce, depuis 1995…

Ce nombre inéluctable de décès est tel qu’il submerge toutes les hypothèses de fécondité, depuis le maintien du taux actuel, on l’a vu déjà très élevé, au taux de fécondité de 2,1, proche de celui du baby-boom. Le fort taux de fécondité français conduit cependant à un « vieillissement par le haut » de la population, c’est-à-dire provenant de l’allongement de la durée de vie, et non, comme dans les autres pays européens, à un « vieillissement par le bas » (déficit de naissances surreprésentant les personnes âgées dans la population).

De fait, la plongée progressive du solde naturel vers zéro va faire apparaître le solde migratoire comme le seul moteur de croissance démographique de la population sur le sol français. L’objectif « nativiste » de la droite française et notamment de sa loi du 24 juillet 2006, de maintenir le solde migratoire toujours inférieur au solde naturel, va s’épuiser de lui-même. Ordonner aux femmes de procréer massivement ne suffira pas, on l’a vu, et réduire le solde migratoire alors qu’il est déjà l’un des plus bas des pays de l’ocde pose pour le moins question.

On l’a vu, l’exception française en matière d’immigration devrait plutôt conduire à s’occuper d’intégration que de contrôle des flux, comme le remarquait la Cour des comptes en 2004 (p. 60).

Et, en matière strictement démographique, bien plus que le solde migratoire, c’est le vieillissement de la population qui devrait mobiliser le pouvoir politique. En effet, en France, le rapport entre population entre 15 et 64 ans et population de plus de 65 ans, dit « rapport de soutien », valait 8 au début du xxème siècle, vaut environ 4 aujourd’hui, et ne sera plus que de 2 à l’horizon 2050.

Là encore, rien n’y fera : une hypothèse d’un taux de fécondité de 2,36 (!) ne changera rien (car c’est l’allongement de la vie qui en France explique le vieillissement et non le déficit de naissances) ; l’immigration de jeunes étrangers non plus, sauf à en faire venir 90 millions d’ici 2050 ! (p. 85).

Mais de toute évidence, l’immigration concentre toute l’attention des médias, de l’opinion et du pouvoir politique. Encore faut-il savoir de quoi on parle…

3. la loi du 24 juillet 2006, ou comment appliquer ce qui ne marche pas ailleurs
à une situation française qui est en outre spécifique ?

En plein débat sur l’immigration « acceptable », « choisie » ou « subie », l’auteur se penche sur quatre expériences internationales de mises en place de contrôles quantitatifs et qualitatifs.

Le Canada, depuis 1967, sélectionne les candidats à l’immigration sur des caractéristiques personnelles (diplôme, langue, expérience professionnelle, âge…), et non en fonction des besoins économiques du pays. Ce système filtre la moitié des immigrants, l’autre moitié relevant du regroupement familial et des réfugiés. Le rapport à l’immigration est inverse à celui que l’on connaît en France : « les provinces périphériques, mais aussi les petites villes et les villes moyennes se sont émues de voir les trois quarts des migrants se concentrer dans les centres urbains de Montréal, Toronto, Vancouver : elles réclament “leur part des avantages de l’immigration” — un souhait qui en dit long sur la vision positive de l’immigration dans ce pays. » (p. 34). Par rapport à la situation française, il faut se rappeler d’une part que « si le Canada peut s’offrir le luxe de choisir ses migrants permanents, c’est qu’il dispose à son unique frontière d’un voisin dix fois plus gros que lui qui lui, ne choisit pas. » (p. 35). D’autre part, le Canada pratique une « sélection qualitative mais sans remplir des objectifs de réduction quantitative équivalents à ceux que la France devra se fixer pour appliquer la loi de 2006. » (p. 37).

Les exemples espagnols et italiens sont plus récents, et plus proches des objectifs de la loi française de 2006. Ainsi, chaque année, une circulaire du ministère du travail espagnol fixe le nombre d’immigrés par métier et par province (avec interdiction de mobilité professionnelle et géographique pour les immigrés sélectionnés). « À titre d’exemple, la province d’Almería était autorisée à recruter en 2004 un total de 225 travailleurs stables répartis sur neuf métiers : 150 conducteurs de camion, 25 serveurs, 20 ouvriers en béton armé, 15 électriciens, 15 employés de maison, 10 soudeurs, 10 conducteurs d’engins de terrassement, 5 mécaniciens de machines agricoles et pas plus de 5 ouvriers agricoles — ce qui laisse rêveur quand on sait que la province d’Alméría approvisionne toute l’Europe de ses primeurs. » (p. 38). L’absurdité de telles mesures n’a pas tardé à exploser. Le quota de 2005 fut fixé à 6.594 emplois pour l’Espagne. Mais l’opération massive de régularisation dite normalizacíon, en 2005, accorda 573.300 permis de séjour… soit quatre-vingts ans de quotas en 4 mois !

En Italie, même mouvement : les quotas (détaillés par branche et par région), fixés à 170.000 en 2006, ont été portés en cours d’année à… 520.000. Une régularisation massive dite sanatoria avait pourtant déjà eu lieu en 2002, accédant à 647.000 demandes !

La Suisse est dotée, depuis 1970, d’un système de contrôle de l’immigration très pointilleux. Là aussi, « les travailleurs sélectionnés ne peuvent changer d’emploi qu’après un an, et de profession ou de canton qu’après trois ans. » (p. 41). S’il n’y a pas eu de régularisation massive d’immigrés en Suisse, les résultats sont pourtant loin des objectifs affichés : l’immigration de travail (dite, selon le vocabulaire de la droite française, « choisie ») ne représente plus « qu’un quart des entrées annuelles, le flux majoritaire étant celui du regroupement familial… » (appelée « subie » ou « d’assistanat » par la droite française) (p. 42). Et en termes quantitatifs globaux, c’est encore pire : « les immigrés y sont en proportion deux fois plus nombreux qu’en France. »

Les leçons qu’on peut tirer de ces exemples sont d’une part que l’immigration n’est pas seulement le fruit d’une pression extérieure de pauvres à refouler, mais avant tout un appel d’air interne des territoires et des économies de ces pays. Ce n’est pas la misère du Sud, mais la faiblesse du solde naturel du Nord qui rend impossible de tenir des objectifs quantitatifs.

D’autre part l’immigration de travail (« choisie ») ne reste jamais très longtemps prédominante : le regroupement familial la dépasse rapidement, en quantité. Un débat juridique semble avoir cours au sujet de l’existence ou pas d’un droit international au regroupement familial, et sur sa supériorité sur le droit français (décision du 13 août 1993 du Conseil constitutionnel). Mais pour le démographe, « la force du lien conjugal et parental n’est pas plus une incartade individuelle qu’une ingérence saugrenue du droit international. » (p. 94). Et pour l’économiste, il faut « reconnaître que l’immigration familiale a vocation à alimenter le marché du travail, et qu’il convient d’en tirer toutes les conséquences. » (p.95).

La France s’est donc offert le luxe, à l’occasion de la loi de 2006, de se doter d’une loi de plus en matière d’immigration, qui cherche à appliquer des expériences étrangères, dont l’échec est total, à une réalité qui est en outre sans commune mesure avec celle de ces pays (rappel solde migratoire français de 1,7 ‰, solde espagnol de 14 ‰).

D’où l’hypothèse avancée par l’auteur que cette loi à l’échec programmé ne soit guère plus qu’un signal envoyé à l’opinion. Ainsi, la seule réussite du système suisse est à ses yeux d’avoir pu contenir non l’immigration mais… la xénophobie. Si le gouvernement fédéral helvète « affirmait la souveraineté de l’État, c’était en protégeant ce dernier des forces délétères du dedans et non des prétendues menaces du dehors. » (p. 44). Il développe une analogie entre la perte de nos colonies dans les années 1960 et la perte de notre maîtrise sur la question migratoire aujourd’hui (p. 108).

4. la seule action politique en matière démographique porte sur l’opinion

Les Français pensent que la France accueille 29 % d’étrangers, alors qu’elle en accueille à peine 10 % (p. 9). Ils pensent également que la France est le premier pays d’Europe par l’intensité des flux migratoires, alors que, nous l’avons vu, elle occupe plutôt le bas du tableau européen.

Cette surestimation de la population étrangère n’est pas l’apanage de la France, on la retrouve au Royaume uni, aux Pays-Bas et dans l’Europe du sud.

Il n’est pas pour autant évident de rattacher directement ces idées reçues à une xénophobie latente ; en fait, le contexte des questions produit des sondages d’opinion opposés : 63 % des Français approuvent l’idée qu’« il y a trop d’immigrés en France » en décembre 2005, mais 54 % des Français sont « plutôt d’accord » avec l’idée que « la France doit être un pays d’accueil pour l’immigration » en mai 2006… (note 2 p. 25).

À vrai dire, l’opinion n’est pas bon maître, en particulier pour le sujet de l’immigration et de la démographie. Dans ce domaine, c’est au politique de faire le premier pas, sauf à accepter d’accumuler des législations vaines et de faire souffrir inutilement des personnes. « Un cliché corollaire des débats sur l’immigration est l’invocation récurrente du “courage” dont il faudrait faire preuve pour briser les tabous. Qu’il faille du courage pour réfuter les préjugés xénophobes, c’est certain. Mais peut-on accepter cette nouvelle conception du courage consistant à dire qu’il ne faut pas avoir peur d’avoir peur avec ceux qui ont peur ? Caresser l’opinion dans le sens de ses peurs, c’est le contraire du courage. » (p. 104).

L’auteur le rappelle avec vigueur sur l’exemple de la notion de « capacité d’accueil ». Pour lui, il s’agit d’une variable politique et non d’une donnée objective. « Il faut élargir la question des “capacités d’accueil” pour en saisir tous le présupposés : elle se pose pour toutes les composantes de la dynamique démographique, afflux de migrants, certes, mais aussi afflux de naissances, afflux de jeunes, afflux de personnes âgées. La France se serait-elle engagée dans les grands mouvements démographiques qui ont marqué son histoire si elle avait mesuré au préalable ses capacités d’accueil ? Compte tenu de la pénurie de logements et d’écoles, était-il raisonnable de se lancer dans le baby-boom en mettant au monde 200.000 enfants de plus dans la seule année 1946 ? » (p. 21)

Car les migrations familiales (« subies ») ne font-elles pas que s’insérer dans des besoins qui existent déjà ? L’élue à l’enfance d’une grande ville du sud s’opposait à l’extension des écoles d’un quartier dont la population allait doubler du fait de nouvelles constructions : elle expliqua qu’elle ne voulait pas que les immigrés qui s’y trouvaient déjà puissent en bénéficier…

De même, « pour que le vieillissement ne soit pas un fardeau indésirable, il ne faut pas rêver de bloquer la croissance de la part des personnes âgées dans notre société, il faut travailler à réaménager les rapports entre générations. » (p. 89). De même, notre fort taux de fécondité actuel ne nous exonère pas, si on veut le maintenir, de renforcer nos politiques de soutien à la fécondité (accès au logement des jeunes, conciliation des vies familiale et professionnelle, modes de garde, scolarisation à 2 ans…) (p. 83).

L’immigration ne pose pas un problème d’identité nationale, puisque la France, on l’a vu, est un vieux pays d’immigration. Elle est en revanche une des nombreuses questions du « vivre ensemble » qui s’adressent à notre société décidément très anxiogène. « C’est ensemble qu’il nous faudra croître et vieillir. » (p. 110).

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